JOBARD (Dne. Antoine)
Meursault
Antoine Jobard
Bourgogne
Le producteur
Les vins de François Jobard occupent une place à part dans mon univers. Ils font partie de ces vins qui ont été un déclic, une bascule, une porte qui s’ouvre sur un univers inconnu. C’était lors d’un repas, Yves B. avait préparé un entrée avec des pétoncles, et deux bouteilles attendaient patiemment. J’étais alors totalement novice, mais les minutes qui ont suivi ont changé ma vie. Il y avait un Meursault en la Barre 90 et un Gennevrières 91 du domaine. C’était au printemps 1999. Les vins sont encore en moi et je les retrouve à chaque fois que je déguste un de leurs vins.
Définir le caractère des Meursault de François et Antoine Jobard n’est pas chose aisée. La jeunesse est souvent plus qu’austère, avec des équilibre serrés, des trames minérales tissées par l’acidité. Les profils aromatiques peuvent même parfois aller jusqu’au chuchotement, où seul domine cette note de grillé sec qui rappelle tant les épices torréfiées que l’on utilise dans la cuisine indienne. Cette note minérale qui se place souvent en guise de préambule est aussi le socle de la bâtisse, ses fondations, celle que l’on retrouve en finale, et qui s’amplifie au fil du temps. Quand on ouvre une bouteille de François Jobard, c’est comme si l’on passait la main sur une pierre de l’Abbaye du Thoronet, sur cette vision cistercienne de la roche, de l’arête, sur la masse vibrante qui donnera une nef, un choeur, un aérien transcendant. Mais l’art Roman n’est pas celui de l’immédiateté, c’est bien plutôt celui du temps, du temps qui laisse apparaître au fil de l’introspection une richesse insoupçonnée. Ainsi, après dix ans le vin taiseux prend son élan, se déploie dans le verre et vous découvre une pierre taillée de main de maitre !
